Après le viol antisémite d’une fille de 12 ans par des garçons du même âge, un rassemblement solidaire appelait à réfléchir à ce que l’on met dans la tête de ces enfants. Et à agir « en empruntant un autre chemin féministe et antiraciste »…
Samedi 15 juin à Courbevoie, une fille de 12 ans a été violée après avoir été traitée de « sale juive » par trois garçons. Deux des garçons âgés de 13 ans ont été mis en examen et placés en détention, le troisième, âgé de 12 ans a été placé sous le statut de témoin assisté pour viol et mis en examen pour les autres infractions.
Loin du brouhaha des récupérations politiques
Plusieurs rassemblements ont été organisés, en solidarité avec la victime, pour dénoncer et lutter contre le sexisme, l’antisémitisme et le racisme. Place de la Bastille à Paris jeudi 20 juin, des associations et mouvements* qui n’ont pas attendu ce drame pour prévenir, ont tenu des discours très éloignés du brouhaha des récupérations politiques.
« La lutte contre l’antisémitisme n’est ni un facteur de division, ni l’occasion d’habiller de vertu leur haine des autres » a prévenu Hanna Assouline, Fondatrice du mouvement Guerrières de la Paix. « Nous devons emprunter un autre chemin féministe et antiraciste. Lorsqu’une femme est attaquée parce que femme, ce sont toutes les femmes qui sont touchées. Lorsqu’une minorité est ciblée c’est notre identité collective qui est menacée ».
Mais la question qui revenait le plus souvent est de savoir comment tant de haine a pu s’inscrire dans les têtes de ces enfants .
Culture du viol
Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, a dénoncé « Deux haines qui se cumulent. Une montée de l’antisémitisme en France depuis le 7 octobre » et « une culture du viol dans laquelle les jeunes sont plus enclins à s’inscrire » car ils sont « biberonnés à la pornographie » a-t-elle affirmé.
Et ça fait longtemps que les associations féministes tirent le signal d’alarme. Plusieurs études effrayantes montrent par exemple que bien des jeunes pensent encore que quand une femme dit non ça veut dire oui (lire : Qu’est-ce qu’un viol ? Les Français·es ne savent pas trop).
Et la pornographie remplit les têtes d’images terrifiantes qui normalisent la violence masculine. Un rapport du Haut conseil à l’égalité l’a évalué, chiffré, et a appelé à réguler ces images… Mais il ne se passe pas grand chose (lire : Contre la pornocriminalité, le HCE dénonce l’inaction des autorités).
Le corps des femmes champ de bataille
Et au micro, place de la Bastille jeudi soir, Anne-Cécile Mailfert n’a pas hésité à parler cru en citant des titres de vidéos pornos et antisémites accessibles aux enfants en quelques clics. « Petite soumise juive » pour n’en citer qu’un…
« Les féministes savent que le viol est une arme de haine, une arme politique et que le corps des femmes est un champ de bataille, un terrain de combat. » a-t-elle rappelé. Il est temps que la société tout entière en ait conscience et prenne le combat en main.
*Parmi eux : SOS Racisme, Guerrières de la paix, Fondation des femmes, CNDF, Femmes solidaires, Raar, Mrap, Fage, LDH (Ligue des droits de l’Homme), Unsa, Unef, Golem, Osez le féminisme, FIDL, CGT, CFDT Education formation recherches publiques, Union étudiante.
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