Deuxième long métrage de Jaione Camborda, O Corno est une belle histoire de femmes. Entre la Galice et le Portugal, la réalisatrice nous invite à suivre María, contrainte de fuir l’Espagne franquiste. Tout au long de son parcours, elle fera la connaissance de femmes incroyables et découvrira ce qu’est la sororité.
Récompensée du Grand Prix (Coquille d’or) au festival du film de Saint Sébastien et à l’affiche de nombreux autres festivals, O Corno histoire de femmes est un film qui marque les esprits. S’il ne s’agit pas de l’adaptation d’une histoire vraie en particulier, Jaione Camborda précise que grâce à ses lectures et aux divers témoignages recueillis, le film est l’adaptation de « diverses histoires réelles ». Quant à Janet Novàs, l’actrice principale, elle incarne le rôle de María avec brio. Pour sa première expérience au cinéma, son interprétation lui a d’ailleurs valu le Goya de la meilleure révélation féminine en février dernier.
O Corno une histoire de femmes
L’action du film se situe en Galice sous la dictature franquiste. Cette sombre période de l’Espagne n’est jamais mentionnée mais on la devine à travers la liberté entravée des personnages. María assiste les femmes qui accouchent et parfois celles qui ne veulent pas avoir d’enfant. Mais sous le franquisme, ces agissements sont interdits. Alors, après avoir tenté d’aider une jeune femme, elle est contrainte de tout abandonner et de fuir vers le Portugal. Pour briser cette atmosphère oppressante qui se dégage des agissements clandestins, la sororité entre les personnages féminins est une véritable lueur d’espoir. Ensemble, elles forment une chaîne invisible de solidarité féminine que rien ne semble pouvoir entraver.

Grâce aux femmes rencontrées sur son chemin, María n’est jamais seule. Les femmes s’entraident simplement, sans poser de questions, sans aucun jugement. Un regard et elles se comprennent. Cette chaleureuse sororité se retrouve aussi dans l’idée que chacune de ses femmes pourrait être María. La réalisatrice l’explique d’ailleurs ainsi : « Le personnage de María semble être un même corps dans lequel les personnages féminins se reflètent et s’identifient […] Tout le film est ainsi traversé par ces jeux de miroir entre les personnages […] Car nous sommes l’autre et en même temps nous donnons un espace à la prise en compte du soin de l’autre. Ainsi s’exprime l’espace de la sororité ».
Un puissant récit féministe
O Corno est un véritable « femmage » à toutes les femmes et une ode à la sororité, à la liberté et à la vie.
Quant à son titre, la cinéaste révèle que « « O Corno » désigne l’ergot du seigle, un champignon vénéneux et parasite qui pousse sur le blé et qui a beaucoup été utilisé en Galice pour fabriquer des médicaments. Il a été utilisé pour accélérer les contractions dans un accouchement, mais aussi dans la clandestinité pour faire des avortements ».
Le titre est à lui seul un symbole de liberté et de reprise de pouvoir sur son propre corps. La réalisatrice a d’ailleurs fait le choix de mettre en lumière le corps des femmes et le contrôle que celles-ci exercent sur lui, que ce soit à travers l’accouchement, l’avortement ou encore la sexualité.
« O Corno une histoire de femmes » de Jaione Camborda, (Espagne, Portugal, Belgique, 1h45) avec Janet Novàs, Siobhan Fernandes, Carla Rivas et Daniela Hernán Marchán. Sortie en salles le 27 mars 2024.
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