Réalisé par Léa Todorov, ce long métrage franco-italien est librement inspiré de la vie de Maria Montessori. A travers une rencontre fictive, le film met en lumière deux femmes obligées de se battre pour exister dans un monde d’hommes. Un bel exemple de sororité au début du XXe siècle.
« La nouvelle femme » est le premier long métrage de fiction de Léa Todorov. Issue du monde du documentaire, c’est lors de l’écriture de Révolution école (1918-1939), consacré aux pédagogies alternatives et réalisé par Joanna Grudzinska, que Léa Todorov découvre le travail de Maria Montessori.
La vie de Maria Montessori est un long combat. Après avoir bataillé pour pouvoir étudier la médecine, en dépit des difficultés rencontrées -en tant que femme certains cours lui étaient notamment interdits-, elle est pourtant devenue l’une des premières femmes médecins en Italie.
Dans La Nouvelle femme, la réalisatrice s’inspire donc de la vie de la célèbre doctoresse italienne. Bien connue pour avoir inventé la méthode éducative qui porte aujourd’hui son nom, elle est également une figure importante de la médecine moderne. Confrontée au machisme de l’époque, elle représente un modèle de femme forte, prête à tout pour aller au bout de ses convictions personnelles et professionnelles. Refusant de se marier avec celui qu’elle aimait pour ne pas perdre sa liberté en devenant la “propriété” d’un homme, elle perdit de ce fait la garde de son fils Mario pendant 12 ans. Cette déchirante décision ne l’empêcha pas de dédier sa vie à prendre soin des enfants des autres.
Dans le film, Léa Todorov s’intéresse au tout début de la carrière de Maria Montessori. Interprétée par l’incroyable Jasmine Trinca, celle-ci travaille alors à Rome dans un institut spécialisé accueillant des enfants neuro-atypiques. Avec son collègue et amant (et père de son fils), Giuseppe Montesano, elle participe grandement à la création d’un enseignement développant les capacités intellectuelles de ces enfants. Par leur travail, ils arrivent à démontrer que les enfants dits « déficients » peuvent aussi progresser, à condition de leur donner de l’attention et certains moyens éducatifs. Malgré le soutien apparent de son amant et collègue, Maria Montessori doit faire face à la misogynie de l’époque. A ceci s’ajoute que malgré son travail à temps plein, elle ne touche pas de salaire, seul Giuseppe est rémunéré.
Si la cinéaste a choisi de s’intéresser à ce pan de vie de Maria Montessori c’est en partie parce qu’elle-même a une fille atteinte d’une maladie génétique. Dans un entretien avec le CNC, elle explique que sa rencontre avec le producteur Grégoire Debailly est l’élément déclencheur qui l’a poussée à se lancer dans la réalisation d’une fiction sur Maria Montessori : « Il avait vu mon documentaire et connaissait aussi le père de ma fille. Or celle-ci est née avec une maladie génétique. Il a pensé que ce projet pourrait m’intéresser pour des raisons intimes autant qu’intellectuelles ».
Si tous ces faits concernant la vie Maria Montessori sont réels, c’est pourtant bien une fiction que nous raconte Léa Todorov. Et pour cela, elle créé le personnage interprété par Leïla Bekhti. « J’ai inventé le personnage de Lili d’Alengy, célèbre courtisane parisienne et mère d’une enfant née avec un handicap qui constitue une menace pour sa carrière si elle doit s’en occuper. À travers elle, j’ai compris que j’allais pouvoir raconter mon histoire de maman, insérer un ressenti intime dans le récit. » Et c’est lorsque Lili d’Alengy souhaite mettre sa fille dans un institut pour déficients qu’elle fait la rencontre de Maria Montessori. Si au départ tout semble opposer les deux femmes, ces dernières finiront par se rapprocher et s’aider, unies par une même force sorore les obligeant à s’imposer dans ce monde d’hommes.
Même si le film se déroule au début du XXe siècle, il aborde des faits sociétaux toujours d’actualité. Résolument féministe La Nouvelle femme est une ode aux femmes qui se battent pour s’imposer dans un monde patriarcal. L’occasion également d’en apprendre davantage sur Maria Montessori, une femme inspirante à qui l’on doit aujourd’hui la célèbre méthode Montessori et les écoles du même nom.
« La Nouvelle Femme » de Léa Todorov, (France-Italie 1h37) avec Justine Trinca, Leïla Bekti et Raffaele Esposito. Sorti en salles le 13 mars 2024.