Le bilan annuel du Centre National du Cinéma sur la parité constate une meilleure représentation des femmes dans tous les métiers… Mais les écarts de rémunération restent élevés.

Davantage primées pour leurs réalisations et plus nombreuses dans certains métiers majoritairement exercés par des hommes, les femmes sont désormais mieux représentées dans l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel. C’est le constat fait par le CNC pour l’année 2022/2023. Depuis 2014, l’Observatoire de l’égalité Femmes-Hommes du CNC scrute, analyse et décrypte la place des femmes dans ce secteur. Le but ? Produire des statistiques sur l’emploi, les salaires et les aides attribuées aux femmes.
Des métiers se féminisent
Si la parité n’a pas été atteinte lors de l’année écoulée, certaines améliorations méritent d’être mentionnées. Sur l’ensemble des longs métrages d’initiative française agréés en 2022, 69 films ont été réalisés ou co-réalisés par des femmes, soit 33,2 %, contre 26,6 % en 2020 et 30,6 % en 2021. L’augmentation est encore plus visible pour la catégorie des longs métrages de fiction : 34% ont été (co-)réalisés par des femmes, contre 27,6 % en 2021. Même constat dans le secteur de l’audiovisuel : les femmes représentent 39,1% des réalisateurs et auteurs.
Pour 2022, le CNC observe même une situation paritaire dans les métiers de la réalisation (52,5 % de femmes) et ceux des décors et costumes (47,5 % de femmes). Les métiers du contenu du programme et de la collaboration artistique comptent même 61,2 % de femmes.
Toutefois, tous les métiers ne sont pas concernés par cette hausse des effectifs féminins. C’est notamment le cas pour les cheffes opératrices prise de son (2,6 %), les cheffes électriciennes (3,2 %), les rippeuses (5,6 %) et les cheffes opératrices prise de vue (6,3 %).
Cette féminisation progressive de l’industrie du cinéma et de l’audiovisuel est le résultat de plusieurs politiques appliquées ces dernières années. Parmi elles, le bonus de parité : depuis le 1er janvier 2019, le CNC accorde un bonus de 14,21% aux équipes artistiques de tournage qui sont paritaires. En 2023, la part des films éligibles a été de 41,4% pour les films de fiction, 35% pour les films documentaires, 22% pour les films d’animation. Les chaînes de télévision ont également un rôle à jouer. Grâce au système de quotas, mis en place en 2020 par France Télévisions, la part des réalisatrices de fictions représente désormais 41% des commandes. Soit 10,6 points de plus qu’en 2016. En terme de progression, Arte fait encore mieux : 38% (+12,5 points).

L’argent manque (encore) lorsqu’il s’agit des femmes
Ces différentes avancées restent néanmoins à nuancer. Les écarts de rémunération demeurent. Pour les métiers de l’image, l’écart entre les hommes et les femmes est de 27,4 %. Même constat pour les métiers du son où il s’évalue à 24,3 % et à 24% pour la réalisation. Au-delà de la question de la rémunération, le financement des œuvres réalisées, produites ou écrites par des femmes ou encore les moyens dont elles disposent reflètent ces inégalités. Le coût horaire moyen des œuvres de fiction réalisées par des femmes est de 1 250 000€, contre 1 560 000€ pour une heure réalisée par un homme. Toutefois, sur d’autres genres, la différence est quasi nulle pour les documentaires ou l’animation. Pour cette dernière catégorie, le CNC observe qu’une heure d’animation réalisée par une femme coûte, en moyenne, plus cher que celle réalisée par un homme. Au cinéma, la balance est la même, mais affiche de véritables progrès. Les films réalisés par des femmes en 2022 coûtent en moyenne 3 710 000€, contre 4 720 000€ pour les hommes, soit 21,3 % de moins. Cependant, le rapport révèle que depuis 2020, l’écart se comble de façon nette (+ 44,5 % par rapport à 2021 et + 66,3 % par rapport à 2020). Une première selon le CNC.