Plusieurs associations sont exsangues. Depuis le Grenelle, les appels à l’aide des victimes de violences conjugales augmentent mais les financements publics permettant à ces associations d’y répondre ne suivent pas. Collecte d’urgence.
Quatre ans après le Grenelle des violences faites aux femmes, les nouvelles pour les victimes de violence conjugales ne sont pas bonnes. Les associations qui viennent en aide à ces victimes sont débordées au point que deux d’entre elles sont sur le point de mettre la clé sous la porte. Pour sauver ces associations qui sauvent les victimes de violences, Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des femmes annonce la création d’un fonds d’urgence .
Si le Grenelle des violences s’est traduit par de nombreuses actions de communication incitant les victimes à appeler à l’aide, les moyens nécessaires à la lutte contre ces violences n’ont pas suivi, que ce soit du côté de la police, de la justice ou des associations qui accueillent et accompagnent les victimes. La Fondation des femmes a fait le calcul : « le budget dépensé par l’Etat pour chaque femme victime de violences accompagnée a baissé de plus de 25%. »
Samedi, un chiffre de féminicide est venu noircir ce tableau : le nombre de femmes tuées par leur conjoint ou leur ex-conjoint en France en 2022 est quasi stable par rapport à l’année précédente avec 118 féminicides recensés, soit quatre de moins qu’en 2021, selon un bilan du ministère de l’Intérieur. Et, ce lundi 4 septembre, le collectif Féminicide par compagnon ou ex dénombre 77 féminicides depuis le 1er janvier 2023.
« Lorsque nous prenons connaissance des derniers chiffres sur les morts violentes au sein d’un couple, nous ne pouvons qu’en souligner la gravité. Nous soulignons une légère baisse car chaque vie compte. Toutefois, l’engagement au sein du Gouvernement reste entier pour lutter contre les violences conjugales » écrit Bérangère Couillard, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations dans un communiqué.
Jeudi 31 août, elle réunissait les actrices et acteurs de la lutte contre ces violences pour dresser un bilan quatre ans après le Grenelle et lancer de nouvelles expérimentations. La ministre a abondamment salué le travail que font les associations avec de petits moyens et en comptant beaucoup sur des bénévoles. Mais elle n’a pas annoncé d’augmentation de budgets consacrés à cette grande cause qui, affirme-t-elle, « mobilise l’ensemble du gouvernement. » Elle a dit vouloir mettre cette question sur la table à la fin des expérimentation de dispositifs lancés dans cinq départements, en 2025.
Alors, faute d’argent public, la Fondation des femmes compte sur des dons pour sauver les associations qui aident les victimes. Elle en cite deux en grand danger : « l’association Léa Solidarité Femmes dans l’Essonne a dû supprimer 65 places d’hébergement pour éviter la cessation de paiement. Alors que les collectivités et l’Etat orientaient des femmes vers ces places, elles ne les financent pas. Cette situation n’était plus tenable à la suite d’un nouveau refus de financement de l’Etat en juillet. Malgré cette décision dommageable pour les femmes du département, l’association est toujours en danger. Dans le Val d’Oise, c’est le tribunal de commerce qui décidera le 19 septembre de la survie ou non de l’association Du Côté des Femmes mettant en péril l’accompagnement et l’hébergement dont bénéficient plus de 2000 femmes victimes de violences sur ce territoire qui ne compte aucune autre association spécialisée sur les violences conjugales. »
Le lien sur le fonds d’urgence est ici
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