Valérie Donzelli décortique le processus de harcèlement moral au sein d’un couple, en adoptant un point de vue féminin. « L’amour et les forêts » présenté au festival dans la section Cannes Première est en salle depuis le 24 mai.
C’est une femme blonde, comme anesthésiée. Son visage silencieux filmé les yeux dans le vague, est interrompu par quelques flashs de lumière verte, une forêt en mouvement. Quand elle parle soudain, Blanche raconte la prison dont elle a réussi à s’échapper. Une prison d’amour, construite par un homme manipulateur et violent, fou au point de manquer de la tuer. Voici le sujet du nouveau film de Valérie Donzelli (qui a réalisé notamment « Notre Dame » et la série « Nona et ses filles » sur Arte). Elle en a écrit le scénario avec Audrey Diwan, réalisatrice de l’ »Evénement » d’après Annie Ernaux, primé à Venise en 2021.
On peut y voir une réponse aux réalisateurs qui ont traité ce sujet du point de vue masculin du couple (Claude Chabrol brillamment avec « La femme infidèle » ou « L’enfer »), Valérie Donzelli adoptant ici le point de vue de la femme. Virginie Efira incarne avec intelligence et passion cette épouse amoureuse face à Melvil Poupaud qui assume son rôle de tyran sombrant dans la folie. Le roman dont le film est tiré, publié voici presque dix ans, a valu à son auteur, Éric Reinhardt des témoignages de lectrices qui lui avouaient que son livre les avaient sauvées. Evitant l’écueil du film à sujet pour décortiquer précisément la complexité de l’emprise mentale, « L’amour et les forêts » parlera également à de nombreuses spectatrices.
« L’amour et les forêts » de Valérie Donzelli (France, 1h45), scénario de Valérie Donzelli et Audrey Diwan, avec Virginie Efira, Melvil Poupaud, Dominique Reymond, Bertrand Belin, Romane Bohringer, Virginie Ledoyen. Produit par Rectangle et Les films de Françoise, distribué par Diaphana. Cannes 2023. Présenté à Cannes Première (hors compétition), en salle le 24 mai 2023.