Les femmes afghanes se battent et ne se rendent pas : un documentaire de Sahra Mani fait entendre leurs voix sous le joug des Talibans jusqu’à Cannes. On espère pouvoir découvrir ce témoignage collectif poignant en salles bientôt.
Il y a tant de films proposés à Cannes que les pépites sont bien cachées. « Bread and roses » de Sahra Mani en est une : ce film essentiel est un document précieux sur la situation des femmes afghanes depuis la prise de pouvoir des Talibans, en août 2021.
On le sait, malheureusement dans ce pays les femmes n’ont plus accès à l’éducation ou à un métier. Celles qui manifestent pour leur liberté sont emprisonnées, exécutées ou forcées de s’exiler. Pouvoir mettre des visages et des voix sur leur combat rend hommage à leur courage. « Bread and roses » témoigne de plusieurs formes de résistance à travers le portrait de trois femmes que la réalisatrice a suivies pendant quasiment deux ans : Zahra Mohammadi , dentiste, s’est fiancée la veille de l’arrivée des Talibans dans Kaboul. Elle a été une des figures de la résistance, gardant sa clinique dentaire ouverte, supportant l’emprisonnement, jusqu’à son exil au Pakistan. Sharifee, jeune Hazara (un peuple victime d’épuration ethnique par les talibans), a été renvoyée de son poste de fonctionnaire. Enfermée chez elle, elle a quitté sa famille pour pouvoir lutter, distribuer de la nourriture, enseigner en cachette. La troisième est Taranom, une personnalité médiatique exilée au Pakistan dès l’arrivée des Talibans, plongée dans la misère et la dépression avec sa famille. Grâce aux téléphones portables, le film est documenté par de nombreuses vidéos filmées de l’intérieur des maisons, ou pendant les manifestations réprimées. La réalisatrice afghane, elle même en exil en Europe est produite par la société de deux Américaines, Justine Ciarrocchi et la célèbre actrice Jennifer Lawrence (Hunger Games, X-Men).
“Do not forget about Afghan women!” (n’oubliez pas les femmes afghanes) a imploré Zahra Mohammadi en présentant le film à Cannes, quand la réalisatrice Sahra Mani concluait : « Dans le cas présent, la situation désespérée en Afghanistan n’a pas été causée par Dieu mais par nos dirigeants. Nous le savons et nous devons y mettre un terme. »