Le 22 mai, c’est au tour de Justine Triet de faire son apparition en compétition : « Anatomie d’une chute » est à la fois une enquête sur un mort, la chronique de la fin d’un couple, une réflexion sur la brutalité de la justice… Un film en tous points brillant.
Justine Triet a déboulé dans le cinéma français avec « La bataille de Solférino » comédie électrisée tournée en partie pendant la campagne des élections présidentielles de 2012. C’est une cinéaste qui a grimpé les échelons des sélections cannoises, d’abord avec la sélection « off » de l’Acid, puis en faisant l’ouverture de Semaine de la critique en 2016 avec « Victoria », avant une première entrée en compétition avec « Sibyl » en 2019. Ses héroïnes sont des femmes survoltées, débordées, souvent drôles, et surtout toujours fortes.
Dans « Anatomie d’une chute », une écrivaine est soupçonnée d’avoir tué son mari, tombé du toit de leur maison isolée dans la montagne. Deux heures et un procès plus tard, on a assisté à la dissection violente de la vie d’un couple. Rien n’est épargné à l’héroïne désormais veuve, qui doit se justifier de chaque détail de sa vie intime, voir étaler et juger chacun de ses comportements dans les médias et surtout devant leur enfant, garçon d’une dizaine d’années témoin principal au procès.
La vie de couple présentée ici est un duel sans répit. Ainsi la scène de dispute centrale, élément clé à la fois du récit et du procès, est particulièrement brillamment réalisée. Justine Triet n’a pas hésité à écrire le scénario en famille, avec son compagnon, Arthur Harari, également réalisateur (« Onoda »), avec qui elle a deux enfants.
Enfin, « Anatomie d’une chute » confirme l’immense palette de jeu de Sandra Hüller (présente également dans « The zone of interest » en compétition) et découvre un jeune acteur de grand talent, Milo Machado Graner, qui joue son fils. Un vrai régal.
« Anatomie d’une chute » de Justine Triet (France, 150 min), scénario de Justine Triet et Arthur Harari, avec Sandra Hüller, Swann Arlaud, Milo Machado Graner, Antoine Reinartz, Samuel Theis. Produit par Les Films Pelléas, Les Films de Pierre, distribué par le Pacte. Sortie prévue le 23 août 2023.
NDLR : Le film de Justine Triet a obtenu la Palme d’or 5 jours plus tard, le 27 mai 2023. Lire l’article ici