Une tribune, signée par 350 personnalités, appelle les autorités françaises à mener vraiment la « diplomatie féministe » dont elles se targuent pour accueillir les femmes afghanes.
« La France, si prompte à affirmer conduire une diplomatie féministe, a les moyens d’agir pour protéger la vie et l’avenir de celles à qui, si récemment encore, nous promettions tant. Il est temps de passer aux actes. » La dernière phrase de l’appel du collectif Accueillir les Afghanes initié par des journalistes* rappelle les autorités françaises à leurs devoirs et à leurs engagements.
Cet appel a été publié sur la page d’ Accueillir les Afghanes et sous forme de tribune dans le quotidien Le Monde ce 21 avril. 350 personnalités l’ont signé parmi lesquelles : la réalisatrice Agnès Jaoui, l’autrice Virginie Despentes, l’ancienne ministre Najat Vallaud-Belkacem, l’humoriste Sophia Aram, la romancière Leïla Slimani, la créatrice de mode Agnès B, ou encore le directeur de Science Po Mathias Vicherat et bien sûr de très nombreuses militantes féministes, dirigeantes d’associations, avocates ou journalistes.
La tribune revient sur la situation des femmes afghanes qui ne cesse de s’aggraver depuis que les talibans ont repris Kaboul en août 2021. « Aujourd’hui, l’Afghanistan est le seul pays au monde où les fillettes ne peuvent plus aller à l’école au-delà de l’âge de 12 ans et où les femmes n’ont plus le droit d’accès à l’université. La majorité des femmes n’a plus le droit de travailler, plongeant d’innombrables familles dans la pauvreté. Les filles et les femmes sont traquées, battues, en toute impunité. Coupables de tout, elles ne valent plus rien. L’Afghanistan est le pays le plus répressif pour le droit des femmes et des filles »
La France et l’Europe ne doivent pas ignorer le sort des Afghanes : « Quand elles arrivent à franchir la frontière, et rejoignent des pays limitrophes comme l’Iran ou le Pakistan, leur route d’exil est loin d’être terminée. Car, extrêmement vulnérables, elles se retrouvent, seules, exposées à de nouveaux dangers. » insiste la tribune.
L’appel déplore la faible action de l’Europe qui n’a toujours pas répondu aux députés européens demandant, en septembre 2021, un programme de visas humanitaires spécifiques pour les femmes afghanes : « L’Europe tangue sur les questions migratoires et les femmes afghanes ne peuvent plus attendre. C’est pourquoi la France doit agir, vite, pour les protéger. Elles, spécifiquement. Parce qu’elles sont filles et femmes et qu’elles sont, à ce titre, un groupe persécuté et en danger » note la tribune.
De son côté, « depuis la chute de Kaboul, la France a accueilli sur son sol quelques milliers d’Afghans, anciens collaborateurs des autorités françaises ou défenseurs des droits humains. Une démarche indispensable, bien sûr, mais bien faible comparée, par exemple, aux près de 30 000 Afghans accueillis par nos voisins allemands. »
Le programme d’accueil préconisé reposerait sur « trois piliers » : « une aide humanitaire dans les pays frontaliers de l’Afghanistan permettant de protéger ces femmes qui fuient» ; « un engagement à faciliter et accélérer les délivrances de visa leur permettant de rejoindre la France pour y demander l’asile» ; et enfin « un système d’accueil renforcé à l’arrivée en France, qui reconnaisse leurs besoins spécifiques et s’ajoute aux dispositifs déjà existant pour les autres demandeurs d’asile. »
Sur France Inter, vendredi 21 avril, la grand reporter Solène Chalvon expliquait comment l’Allemagne, qui mène vraiment une diplomatie féministe, organisait la sortie d’Afghanistant et l’accueil des femmes menacées.
* Cet appel a été rédigé à l’initiative de Margaux Benn, Solène Chalvon-Fioriti, Sonia Ghezali et Nassim Majidi, Grands-Reporters et chercheuse spécialistes de l’Afghanistan, et de l’association France terre d’asile.
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