La jeune Ukrainienne reçoit le « Prix Nobel de mathématiques ». Elle est la deuxième femme ainsi distinguée depuis 80 ans.
Mardi 5 juillet à Helsinki, trois mathématiciens et une mathématicienne ont reçu la médaille Fields considérée comme le « Nobel de mathématiques », une prestigieuse distinction remise tous les quatre ans à des chercheur.ses de moins de 40 ans pour célébrer leurs « découvertes exceptionnelles ».
L’Ukrainienne Maryna Viazovska est la deuxième femme à obtenir ce prix en 80 ans d’histoire. La première était Maryam Mirzakhani, qui a reçu le prix en 2014 (lire : MARYAM MIRZAKHANI, PREMIÈRE MÉDAILLÉE FIELDS MAIS PAS PREMIÈRE MATHÉMATICIENNE), elle est décédée en 2017.
« Je suis triste de n’être que la deuxième femme », a-t-elle déclaré. « Mais pourquoi cela ? Je n’en sais rien. J’espère que cela changera à l’avenir. »
Professeure à l’École polytechnique fédérale de Lausanne en Suisse, où elle tient la chaire de Théorie des nombres depuis 2018, Maryna Viazovska est récompensée pour avoir résolu une version d’un problème vieux de 400 ans, celui de l’empilement compact de sphères ou « problème du marchand d’oranges » qui s’est posé notamment au XVIe siècle lorsqu’il fallait empiler de la façon la plus dense possible des boulets de canon. Aujourd’hui, elle a trouvé la « formule magique » et sa découverte sur les empilements de sphères en grandes dimensions est utile par exemple pour les codes correcteurs d’erreur des perturbations des signaux de télécommunications.
Maryna Viazovska a commencé sa carrière à l’Université Taras Chevtchenko à Kiev, puis elle est passée par les universités allemandes de Kaiserslautern et Bonn et l’Institut français des hautes études scientifiques (IHES) près de Paris.
La remise du prix à la mathématicienne ukrainienne avait été décidée par le Comité exécutif de l’Union mathématique internationale avant le déclenchement de l’invasion russe. Le Congrès international des mathématiciens, où le prix est décerné, devait initialement se tenir à Saint-Pétersbourg, deuxième ville de Russie, et être inauguré par le président Vladimir Poutine. Mais des centaines de mathématiciens avaient signé une lettre ouverte pour protester contre le choix de la ville hôte. Au début de l’invasion russe, l’événement a été déplacé dans la capitale finlandaise.
Après avoir remporté le prix, la lauréate a rendu hommage aux personnes qui souffrent dans son pays en guerre, déclarant que « ma vie a changé à jamais » lorsque la Russie a envahi l’Ukraine en février. « Lorsque la guerre a commencé, je ne pouvais penser à rien d’autre, y compris aux mathématiques » a-t-elle dit dans une vidéo diffusée lors de la cérémonie.
Au cours de la cérémonie, Maryna Viazovska a rendu hommage à Yulia Zdanovska, une jeune mathématicienne qui était étudiante avec elle à Kiev, et qui a été tuée par une attaque de missiles russes sur la ville ukrainienne de Kharkiv en mars.
Un Français lauréat !
Les médias français ont aussi beaucoup parlé de l’enfant du pays, Hugo Duminil-Copin, spécialiste de physique statistique, 13e lauréat français de la médaille Fields qui a reçu un tweet du président de la République Emmanuel Macron: « Félicitations ! Cette distinction montre la vitalité et l’excellence de notre École française des mathématiques ». Et beaucoup ont fait remarquer que le mathématicien probabiliste partage son temps entre l’Institut des hautes études scientifiques (IHES), près de Paris, et l’Université de Genève. Parmi les trois hommes, le chercheur américano-sud-coréen basé aux États-Unis June Huh et le Britannique James Maynard ont aussi reçu la médaille Fields.