Asséner que les féministes font monter l’extrême droite, les sommer de soutenir les Afghanes… Accusations et vieilles antiennes antiféministes par Brice Couturier.
« Le racisme, c’est la faute des Noirs » ce n’est pas ce qu’a dit Brice Couturier ce jeudi matin sur France Inter parce qu’il n’était pas question de racisme mais de féminisme. Et quand il est question de féminisme, l’inversion de culpabilité fonctionne encore. Tant qu’il y était, le journaliste essayiste a fait un combo d’argumentation antiféministe.
Brice Couturier était invité à monter sur ses grands chevaux de bataille du moment, le « wokisme », face à Alice Coffin, élue EELV à la mairie de Paris et autrice du coupable essai « Le génie lesbien » dans lequel elle ose affirmer que la culture et le journalisme sont pensés et produits principalement par des hommes, et qu’il serait temps de faire de la place aux femmes. Elle ne le dit pas forcément avec des fleurs mais ses propos sont interprétés de telle façon que chaque apparition en public lui vaut des tombereaux de critiques, d’insultes et de « mexplications ». (lire :« VOTRE DISCOURS NUIT À VOTRE CAUSE » : LEÇON DE (ANTI)FÉMINISME SUR BFMTV)
Pour Brice Couturier, le « wokisme est un dangereux fanatisme » explique Nicolas Demorand à l’antenne du 7/9. Rappelons que le « wokisme », un courant de pensée venu des Etats-Unis, signifie être éveillé aux discriminations. Ce courant, qui a peut-être ses excès comme tout courant de pensée, perturbe les conservateurs qui le disqualifient et disqualifient du même coup celles et ceux qui luttent contre les discriminations. Et ce matin, sur France Inter, Brice Couturier a atteint des sommets.
Après de longs échanges /accusations d’un homme contestant la légitimité d’une militante féministe à s’exprimer… sans se poser de questions sur sa propre légitimité, c’est Léa Salamé qui a tiré la première pour ouvrir le festival d’inversion de culpabilité. Elle affirme qu’Alice Coffin écrit que « le féminisme est une guerre contre les hommes » après avoir lu des passages du livre qui disaient l’inverse. (En substance : Le féminisme est une réponse à une guerre menée par les hommes contre les femmes.)
Puis le journaliste-essayiste, à partir d’une question ouverte, a eu quartier libre pour dérouler ses arguments antiféministes. Il trouve « extravagant » qu’Alice Coffin dénonce le monopole de « la pensée masculine » sur la culture et les médias. Et, après l’inversion de culpabilité, il a utilisé une deuxième figure de l’antiféminisme : l’exception. Citant quelques femmes romancières, il ne voit pas que ces exceptions confirment la règle de la culture entre hommes.
Et le coup de massue : « les attaques contre le sens commun que vous menez de manière épouvantable nous font monter l’extrême droite… à cause de gens comme vous on a Zemmour maintenant ! » a-t-il lancé sans tiquer. Choquée par cette attaque « gravissime », Alice Coffin a tenté de remettre les idées en place en disant que les personnes qui s’opposent à Zemmour sont ceux que les « anti-woke » traitent de woke.
Et, parce qu’un bon discours antiféministe ne peut pas se terminer sans assener aussi des leçons aux féministes, Brice Couturier a fait son couplet sur les femmes Afghanes sans se dire qu’il pourrait lui aussi aller défendre ses prétendues idées universalistes en Afghanistan plutôt que de rester au milieu des enfants gâtés de l’universalisme en France…
Ce n’est pas la première fois que Brice Couturier attaque les féministes en toute ignorance de leurs combats. Au moment de la prise de Kaboul par les talibans, il avait sorti son venin et s’était fait remettre à sa place par les féministes qui alertaient sur la situation depuis des mois et bataillaient pour soutenir les Afghanes. (Lire à la fin de cet article : LES AFGHANES ET L’INTROUVABLE DIPLOMATIE FÉMINISTE)