« Vexée que je ne l’ai pas choisie » : le ministre de l’Intérieur tente de disqualifier une adversaire politique en la présentant comme une femme bafouée.
Candidate à la primaire écologiste, Sandrine Rousseau a déclaré qu’elle était entrée en campagne pour en finir avec les humiliations subies par les femmes. Le déclic ayant été la nomination de Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur alors même que celui-ci était accusé de viol et avait cherché à obtenir des faveurs sexuelles en échange d’interventions dans des dossiers. Malgré les protestations des féministes, il est toujours en poste tandis que d’autres hommes politiques ont été écartés pour moins que cela (François de Rugy ou François Bayrou par exemple. )
Interrogé ce mercredi matin sur France Inter, le ministre de l’Intérieur a répondu avec mépris : « Madame Rousseau fait rire à ses dépens, je ne vais pas en rajouter ». Il ne voit en elle qu’une femme vexée de ne pas avoir été choisie par son auguste personne : « elle n’avait pas la même vision de ma personne lorsqu’elle est venue me demander d’être nommée directrice de l’IRA de Lille lorsque j’étais ministre de la Fonction publique. » Et d’ajouter, perfide, « si elle le souhaite, on peut publier les demandes de rendez-vous et de nomination ». La journaliste Léa Salamé demande si c’est « une menace de publier des échanges privés. »
Ainsi, le ministre a réussi son coup : il a donné au débat un tournant intime et non plus politique. Il poursuit dans l’attaque personnelle : « Elle était très vexée que je ne la choisisse pas » pour diriger l’IRA de Lille, « j’ai bien eu raison de ne pas proposer sa nomination pour former de nouveaux fonctionnaires ».
La veille sur la même antenne, Sandrine Rousseau était disqualifiée par un journaliste, chroniqueur politique, un homme de ce que l’on appelle le 4ème pouvoir -celui des médias. Il jugeait ses propos déplacés. Il ne prenait pas la peine de les critiquer, il les situait hors de la règle du jeu de la politique. (Lire :LE SEXISME ORDINAIRE SE PORTE BIEN. FLORILÈGE.) Cette fois-ci, pour la disqualifier, le ministre de l’Intérieur la présente comme une femme bafouée
Sandrine Rousseau estime avoir payé très cher ses engagements féministes. Au début de cette année, dans l’émission C à vous elle regrettait que le même Gérald Darmanin et Olivier Duhamel– désormais exclu de SciencesPo- lui aient barré la route pour la présidence de Sciences Po Lille
https://twitter.com/cavousf5/status/1359565981698453507
Gérald Darmanin est coutumier de propos bas de gamme. En 2015, alors qu’il était député-maire UMP de Tourcoing il avait affirmé que la ministre de la Justice, Christiane Taubira, était un « tract ambulant pour le FN »… Dans un long discours au micro de BFM Télé, la garde des Sceaux qui n’avait pas pour habitude de commenter les attaques dont elle était l’objet, avait fini par répondre notamment : « … « Lorsqu’une personne est à ce point pauvre, indigente moralement, politiquement, culturellement, lorsqu’une personne est à ce point indifférente aux dégâts considérables qu’il peut produire par ses paroles qui sont des insultes, qui sont surtout des déchets même de la pensée humaine, je n’en attends rien » (video ici)
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