Parents télétravailleurs oubliés, cafouillage sur les assistantes maternelles, le travail de « soin aux autres » reste dans l’angle mort des politiques. Sexiste !
Les écoles seront fermées à partir de ce vendredi mais quid des parents qui pourront télétravailler et devront en même temps s’occuper de leurs enfants ? Lors de son allocution de mercredi 31 mars, Emmanuel Macron a indiqué que le chômage partiel serait accordé aux parents dans certaines conditions, notamment s’ils ne peuvent pas télétravailler et doivent garder leurs enfants. Et pour les parents en télétravail, pas de possibilité de chômage partiel pour s’occuper des enfants ? C’est ce qu’a compris et défendu le député LREM Bruno Questel sur le plateau de BFMTV avec un aplomb incroyable. Attaquant le journaliste qui lui posait une question qu’il avait du mal à comprendre, il a voulu noyer un gros poisson : « Vous êtes en train de laisser croire qu’un parent isolé serait laissé à son propre sort sans être indemnisé. Mais il est en télétravail, il est indemnisé. Vous ne voulez pas qu’il soit rémunéré et indemnisé quand même ? » a tonné le député… Le journaliste avait pourtant clairement posé le problème. Mais Bruno Questel n’était manifestement pas très au courant de l’attention que demandent des enfants à ceux et celles qui s’en occupent. Pour lui, il suffirait de dire à l’enfant de travailler lui aussi pour régler le problème. Et d’en rajouter avec ironie se gaussant de « ces pauvres parents abandonnés dans ce pays terrible en France où on n’apporte aucune aide »
Télétravailler est-il compatible avec la garde des enfants ?
Débat houleux sur le plateau de BFMTV avec le député Bruno Questel pic.twitter.com/zCLbpG0YOR
— BFMTV (@BFMTV) March 31, 2021
La séquence, partagée sur les réseaux sociaux, a provoqué un torrent de réactions affligées et scandalisées. A tel point que la ministre du Travail, Elisabeth Borne a posté un message sur Twitter : « Je confirme qu’un salarié en télétravail peut demander à être placé en activité partielle si la garde de son ou ses enfants l’empêche de poursuivre son activité normalement. Dans tous les cas, l’activité partielle est sans reste à charge pour l’employeur ». La sortie du député aura au moins servi à ça !
Une autre question manifestement passée sous les radars des concertations qui ont précédé l’allocution présidentielle : les assistantes maternelles. Après avoir annoncé que les assistantes maternelles n’accueilleraient pas d’enfants pour les trois semaines à venir « en cohérence avec les crèches », le gouvernement est revenu sur sa décision….
Encore une question considérée comme non essentielle. A chaque nouvelle annonce de confinement, le gouvernement prévoit un train de mesures pour soutenir les entreprises dont l’activité serait rendue impossible. Mais une problématique reste dans l’ombre : comment, dans les familles, cumuler le surcroit de travail domestique et familial généré par le confinement et le télétravail ?
Question de valeurs. Parce que ces tâches sont assignées aux femmes, elles passent au-dessus de la tête des décideurs qui sont le plus souvent des hommes comme Bruno Questel.
Jusqu’à quand la production de bien-être, historiquement assignée aux femmes, sera-t-elle négligée au profit de la croissance économique parfois destructrice de ce bien-être ? Le président de la République promettait que le jour d’après ne serait pas comme le jour d’avant. Au début, la crise sanitaire a glorifié les travailleur.ses du care, ces hommes et surtout ces femmes qui prennent soin des autres ont fait tenir la société. Mais leur travail semble ne pas compter
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