Démission du directeur de SciencesPo Paris, révélations de violences sexistes et sexuelles dans plusieurs SciencesPo de province, enquêtes… le système de camouflage des violences misogynes ne fonctionne plus.
Frédéric Mion, directeur de SciencesPo Paris a annoncé le 9 février qu’il quittait ses fonctions après neuf ans à la tête de l’institution. Il est accusé d’avoir couvert Olivier Duhamel, président démissionnaire de la Fondation nationale des sciences politiques, lui-même accusé d’inceste. Le directeur de SciencesPo Paris était visé par une inspection devant établir les « responsabilités » et d’ « éventuelles failles » au sein de la prestigieuse école. (Lire : L’AFFAIRE DUHAMEL ANNONCE-T-ELLE LA FIN DE L’IMPUNITÉ DES PÉDOCRIMINELS ?)
Dans une lettre adressée aux étudiant.es et aux enseignant.es, il endosse l’entière responsabilité. S’il précise que, selon le rapport provisoire, « aucun système de silence concerté ou de complaisance n’a existé au sein de notre établissement », Frédéric Mion écrit : « Le rapport pointe toutefois de ma part des erreurs de jugement dans le traitement des allégations dont j’avais eu communication en 2018, ainsi que des incohérences dans la manière dont je me suis exprimé sur le déroulement de cette affaire après qu’elle a éclaté. Je mesure le trouble qui en résulte et j’en assume l’entière responsabilité. » Ainsi, les digues qui retenaient la parole des victimes finissent par céder.
#SciencesPorcs
La ministre de l’Éducation supérieure, Frédérique Vidal et la ministre en charge des Droits des femmes, Elisabeth Moreno, réunissent ce mercredi tous les directeurs de Sciences-Po, en réaction à un déferlement de témoignages et dénonciations d’agressions sexuelles au sein de l’institution depuis trois jours. Depuis que la militante féministe Anna Toumazoff a créé le hashtag #SciencesPorcs, des centaines d’élèves ou ancien.nes élèves racontent sur Twitter et Instagram, des agressions sexuelles par d’autres élèves et l’inaction de la direction de leurs établissements. Les témoignages racontent aussi parfois une ambiance sexiste entretenue par certains professeurs. Sur Twitter, celles qui témoignent ont reçu le soutien de plusieurs femmes politiques comme Marlène Schiappa, ministre déléguée à la Citoyenneté qui a twitté :« Plein soutien aux étudiantes victimes de viols qui dénoncent les faits courageusement via #sciencesporcs ». Cette déferlante #SciencesPorcs faisait suite au lancement par SciencesPo Bordeaux, d’une page Facebook d’étudiant.es rassemblant près de 150 témoignages dénonçant des violences sexistes et sexuelles depuis fin janvier.
Et ces dénonciations ne sont pas vaines. L’impunité des agresseurs n’est plus à l’ordre du jour. Une enquête pour viol a été ouverte à Toulouse après une plainte déposée le 6 février dans la foulée de la dénonciation en ligne et d’autres SciencesPo dans d’autres villes suivent le même chemin. La croisade pour en finir avec le sexisme dans ces écoles qui forment l’élite commence vraiment.
https://twitter.com/AnnaToumazoff/status/1358787223148261383