
Jacinda Ardern, la Première ministre travailliste de Nouvelle-Zélande, engagée pour les droits des femmes, construit son budget autour du bien-être.
La croissance économique, le PIB ne sont plus l’alpha et l’oméga de la politique en Nouvelle-Zélande. La première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern vient d’annoncer un tournant historique dans la politique d’un pays occidental : c’est la première fois qu’un budget donne la priorité au bien-être. «Ce budget de bien-être montre qu’on peut être à la fois économiquement responsable et bienveillant» affirme-t-elle.
Politique de bien-être, politique d’égalité des sexes
Cela fait pourtant plusieurs années que des économistes en appellent à changer d’indicateurs de richesse pour lever le pied sur la croissance économique et donner la priorité au bien-être. Le prix Nobel Joseph Stiglitz, en 2009 avait été entendu par les gouvernants… sans succès (voir Cosmétique du PIB ). Donner la priorité au bien-être, au « care » (soins aux autres), c’est, en quelque sorte, changer le sexe de la politique en donnant la priorité à des activités traditionnellement dévolues aux femmes. Des activités qui, le plus souvent, ne sont pas comptées dans le produit intérieur brut des Etats. (voir notre colloque « Le sexe de l’économie » ; voir «Travail domestique, un tiers fantôme du PIB). Et ce qui n’est pas compté ne compte pas. Désormais ces activités comptent en Nouvelle-Zélande. Lorsqu’elle a été élue en 2017, Jacinda Ardern a dit que les droits des femmes seraient « au coeur » de sa politique. Dont acte.
Qu’y a-t-il dans ce nouveau budget ? Une ligne très épaisse pour prendre en charge la santé mentale : 1,9 milliard néo-zélandais (1,1 milliard d’euros), des fonds importants pour lutter contre la pauvreté des enfants (1 milliard) et lutter contre les violences familiales (320 millions). Les sans-abris et les écoles bénéficieront aussi de fonds jamais accordés jusqu’ici indiquent les journaux néo-Zélandais. « Nous avons créé les bases non seulement d’un “budget bien-être”, mais aussi d’une approche différente de la prise de décision gouvernementale dans son ensemble » a déclaré la Première ministre.
L’opposition n’y a vu qu’une affectation de budgets plus importants à certains endroits. Le gouvernement ne voit pas les choses ainsi : «nous mesurons différemment la réussite de notre pays » a précisé le ministre des Finances, Grant Robertson. « Nous ne nous fions pas seulement au produit intérieur brut, mais aussi à la hausse du bien-être de notre peuple, à la protection de l’environnement et au renforcement de nos communautés. Le fossé entre les discours et la réalité, ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien, entre les élites et le peuple, a fait le lit des populistes partout sur la planète.»
La Première ministre a présenté, avec le ministre des Finances, sa politique sur twitter :
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