
L’avocate Iranienne Nasrin Sotoudeh a été condamnée à 148 coups de fouet et 10 ans de prison. Au même moment, l’Iran est invité à sièger au Comité pour la condition des femmes de l’ONU.
#FreeNasrin. La justice iranienne a infligé à l’avocate Nasrin Sotoudeh une condamnation à dix années d’emprisonnement supplémentaires et 148 coups de fouet, a annoncé son mari, Reza Khandan. Nasrin Sotoudeh, avocate spécialiste des droits humains et des droits des femmes avait reçu, avec le cinéaste Jafar Panahi, le prix Sakharov pour la liberté de l’esprit en 2012. Elle est poursuivie pour sept chefs d’accusation et a été condamnée au total à 38 années de prison. Parmi ces chefs d’accusation, certains sont « en lien avec son opposition aux lois relatives au port obligatoire du hijab, notamment pour ‘incitation à la corruption et à la prostitution’ et pour avoir commis ouvertement ‘un acte immoral… en apparaissant en public sans porter le hijab’» indique une pétition d’Amnesty International.
L’avocate avait déjà été arrêtée et emprisonnée en 2010 pour avoir défendu des opposants à la réélection de l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidence. Elle était accusée de « propagande et conspiration mettant en danger la sécurité d’État » Après une grève de la faim et le soutien de plusieurs ONG, elle sera libérée en 2013.
En 2015, elle s’exprime dans le film Taxi-Téhéran de Jafar Panahi, cinéaste passé par la même prison que Nasrin Sotoudeh, condamné pour ses idées à ne plus exercer son métier et assigné à résidence. Il avait eu l’idée lumineuse de devenir chauffeur de taxi et de filmer ses passagers. Extrait :
Nasrin Sotoudeh a indiqué qu’elle ne voulait pas faire appel estimant que les conditions d’un « procès équitable » n’étaient pas réunies puisqu’il lui a été demandé de choisir son représentant parmi une liste d’avocats validée par les autorités…
Hors d’Iran les soutiens affluent. Outre Amnesty International, en France, le Conseil national des barreaux a lancé une pétition en ligne, demandant à Emmanuel Macron d’exiger de Téhéran la libération de cette militante des droits des femmes. Et le 14 février, les députés européens, réunis en session plénière à Strasbourg, ont voté à main levée, un texte qui «demande une fois de plus au gouvernement iranien de libérer immédiatement et sans condition» l’avocate. Mercredi dernier, François Cormier-Bouligeon, député LREM a poussé « un cri de colère » lors des questions au gouvernement et les députés de tout bord se sont levés pour applaudir la militante. En ouvrant la 63ème commission de la condition de la femme, Marlène Schiappa, Présidente du Conseil de Sécurité des Nations-Unies et secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes a adressé un salut de sororité et de soutien de la France à l’avocate iranienne.
Mais une nouvelle information est venue assombrir le tableau. C’est à nouveau le Canadien Hillel Neuer, directeur exécutif d’UN Watch, qui a tiré la sonnette d’alarme avec ce tweet « Ceci n’est pas une blague : l’Iran nommé au Comité des Droits des femmes aux Nations Unies qui statue sur les violences faites aux femmes UN_Women, au lendemain de la sentence criminelle contre Nasrin Sotoudeh
Mauvais timing ! La République islamique d’Iran a été choisie il y a quelques mois pour occuper un siège à la Commission de la condition de la femme des Nations Unies (CSW) parmi les 45 États siégeant à cette commission, présentée par l’ONU comme « le principal organe intergouvernemental mondial dédié exclusivement à la promotion de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes ». La 63e session du CSW se déroule du 11 au 22 mars.
Le même Hillel Neuer s’était déjà insurgé contre l’entrée de l’Arabie Saoudite dans cette commission en avril 2017 « C’est comme nommer un pyromane chef des pompiers » avait-il écrit. La CSW dépend de l’ECOSOC, Conseil économique et social des Nations Unies. Et ce sont les 54 États membres qui attribuent les sièges pour défendre les Droits des femmes…