Le pays du Golfe promet d’améliorer le droit du travail pour ses travailleurs migrants, notamment en abolissant le système de « parrainage ». Pour les observateurs, il s’agit surtout de lisser son image.
Le Qatar tente de faire cesser les critiques sur les conditions de travail que subissent ses travailleurs migrants. Plusieurs organismes internationaux, ces derniers mois, ont dénoncé les situations d’abus. Sur les chantiers des infrastructures de la Coupe du monde 2022, mais pas seulement. Fin avril encore, Amnesty International attirait l’attention sur les conditions de travail des employées de maison, privées de droits (Voir : Qatar : le sort des travailleuses domestiques, pire encore que celui des ouvriers migrants). Plus de 90% des travailleurs dans ce pays du Golfe sont des migrants.
En réponse, le gouvernement a annoncé mercredi 14 mai son intention d’abolir le système de kafala, « parrainage », qui place les travailleurs migrants sous le contrôle absolu de leur employeur qatari. Par ailleurs, le versement des salaires serait automatisé et certaines peines à l’encontre d’employeurs abusifs durcies.
« L’esclavage moderne continuera d’exister »
Mais ces annonces ne convainquent pas les observateurs. « Il s’agit plus d’un changement de nom que d’une réforme substantielle », estime James Lynch, d’Amnesty international. Commentaire similaire pour Sharan Burrow, secrétaire générale de la Confédération Syndicale Internationale, selon qui « l’esclavage moderne continuera d’exister au Qatar malgré l’annonce de réformes de pure forme ».
Sans compter que le gouvernement n’a donné aucun calendrier sur la mise en œuvre de ces réformes. Et son annonce ne répond pas à toutes les violations des droits des travailleurs que dénoncent les organisations internationales. « Il n’y a pas de liberté syndicale, pas de salaire minimum et pas non plus de système de contrôle effectif des normes du travail », commente Sharan Burrow.
Subsistent aussi des interrogations sur le champ de la réforme. A quel point s’appliquera-t-elle aux travailleurs domestiques ? Qu’en sera-t-il par exemple du fait que les employées de maison victimes d’agression sexuelle peuvent être poursuivies pour « relations illicites » ?
« Tout ce que font ces lois, c’est faciliter la tâche des employeurs pour embaucher du personnel, à un moment où le programme de construction des infrastructures de la Coupe du monde ne cesse de gagner en ampleur », conclut Sharan Burrows.