L’étude de la Thomson Reuters Foundation sur « les droits des femmes dans le monde arabe » souligne que les révolutions de 2011, comme l’invasion de l’Irak en 2003, ont surtout porté préjudice aux femmes.
La prévalence du harcèlement et des violences sexuelles, un taux élevé de mutilations génitales et en général un « recul des libertés » depuis la révolution de 2011 valent à l’Égypte la dernière place parmi les pays arabes en matière de droits des femmes, selon une étude publiée mardi 12 novembre par la Thomson Reuters Foundation..
Pour cette étude, 336 expert-e-s ont donné leur avis sur la situation des droits des femmes dans 22 pays du monde arabe, en prenant en compte les différents critères de la CEDAW (Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes), tels que la représentation politique, économique, les violences de genre, les droits familiaux et les droits reproductifs.
Voir la page spéciale de la Thomson Reuters Foundation sur « les droits des femmes dans le monde arabe » (analyses et carte interactive, en anglais).
Après l’Égypte, le pire pays arabe pour les femmes est l’Irak, qui a connu « une dramatique détérioration des conditions de vie des femmes depuis l’invasion [le terme est d’origine, NDLR] menée par les États-Unis en 2003 ». Elles sont « affectées de façon disproportionnée par la violence qui frappe quasiment tous les Irakiens », souligne la Fondation qui évoque notamment la hausse des violences domestiques, de la prostitution et le recul de l’alphabétisation.
L’Arabie Saoudite pointe à la 19ème place, derrière le Yémen et la Syrie.
En tête de liste, la Fondation place les Comores, où la représentation politique des femmes (elles n’occupent que 3% des sièges au Parlement) est le seul gros point noir.
En deuxième place, le sultanat d’Oman où les femmes « bénéficient d’une meilleure protection sociale que dans les autres pays arabes, mais où les mutilations génitales restent pratiquées dans certaines régions et où les femmes subissent des discriminations au travail et des pressions pour se conformer aux rôles traditionnels. »
A la troisième place figure le Koweit, suivi par la Jordanie, le Qatar, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc.
Structures patriarcales et montée des Islamistes
Globalement, la Fondation observe que trois des pays qui ont connu une révolution il y a trois ans – l’Égypte, le Yémen et la Syrie – figurent parmi les cinq pays les plus mal classés. Le constat n’est pas nouveau : « Les femmes ont joué un rôle central dans les ‘printemps arabes’, mais leurs espoirs d’obtenir davantage de liberté et de droits se sont brisés sur les structures patriarcales et la montée des Islamistes ».
Toutefois, selon certains militants, il y a des raisons d’espérer. Les révoltes du printemps arabes « ont incité beaucoup de femmes pauvres, ou à la marge, à prendre conscience de leurs droits ».
Et si en Syrie, ravagée par la guerre civile, les droits des femmes sont plus que jamais menacés, en Égypte les frères musulmans ont été évincés du pouvoir, et au Yémen les femmes continuent de se battre pour peser davantage et les voix conservatrices « s’affaiblissent de jour en jour », indique à Reuters Tawakel Karman, prix Nobel de la Paix en 2011.
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Photo : Journée internationale contre les violences faites aux femmes, au Caire, Egypte, le 25 novembre 2011. Par Al Jazeera English, via Wikimedia Commons.