Depuis 25 ans, les pères s’impliquent davantage auprès des enfants. Mais les femmes effectuent encore plus des deux tiers des tâches ménagères et parentales. Nouvelles analyse autour de ce constat.
Le constat général est connu, mais c’est toute une série d’analyses poussées sur l’utilisation du temps domestique par les hommes et les femmes que livre l’INSEE, jeudi 29 octobre, dans le cadre d’une publication « Economie et statistique ».
Des analyses qui s’appuient sur les enquêtes « Emploi du temps », la dernière remontant à 2010, et se penchent en particulier sur la participation des hommes et des femmes aux activités domestiques et parentales. L’étude menée par Clara Champagne (Ensead), Ariane Pailhé et Anne Solaz (Ined) rappelle ainsi qu’au cours des 25 dernières années, « les hommes se sont davantage impliqués dans l’éducation des enfants, tandis que leur contribution aux autres tâches domestiques est demeurée stable. Les femmes ont aussi consacré davantage de temps aux activités parentales mais ont sensiblement réduit le temps dédié à l’entretien domestique ».
Voir aussi : « Les femmes font moins le ménage, les hommes pas plus »
Reste que les femmes effectuent encore plus des deux tiers des tâches ménagères et parentales (respectivement 71% et 65%). Ce qui se résume avec ce graphique :
Temps domestique et parental moyen des hommes et des femmes

Lecture : les hommes passent en moyenne aux activités domestiques 114 minutes par jour en 1985, 110 minutes en 1999 et 105 en 2010.
Champ : hommes et femmes âgés de 18 à 60 ans, hors ménages complexes. Pour le temps parental, avec un enfant de moins de 18 ans dans le ménage.
Source : enquêtes Emploi du temps, Insee, 1985‑86, 1998‑99, 2010‑11
Mais l’étude fournit des éléments intéressants derrière ces moyennes. Au cours des 25 dernières années, la part du temps passé par l’homme dans le total des tâches domestiques du couple, a évolué lentement : de 28% à 34 % en moyenne. Et les chercheuses remarquent que les progrès se font surtout par le haut : en 2010, plus d’un quart des hommes (27%) fournit désormais davantage de travail domestique que leur conjointe alors qu’ils n’étaient que 17% vingt cinq ans auparavant. Mais ils sont aussi un quart à ne pas produire plus de 10% des tâches domestiques. En 2010 comme en 1985.
Pour les tâches parentales, « les évolutions sont un peu plus marquées ». La part moyenne des tâches parentales réalisées par le père est passée de 20% à 31%. Et contrairement au temps domestique, c’est à tous les niveaux que le temps d’investissement des pères a progressé, ce qui « témoigne d’un changement de normes quant à l’implication des pères ».
Dans une autre analyse, plus large, sur « la vie quotidienne en France depuis 1974 », la chercheuse de l’INSEE Emilie Brousse insiste aussi sur ce point : « le temps que les hommes consacrent aux soins quotidiens des enfants, et notamment des plus petits a été multiplié par deux et demi (habillage, toilette, repas, câlins, garde), l’essentiel de cette évolution s’étant produite au cours de la dernière décennie ». Des signaux encourageants, donc, même si l’égalité est encore loin. Les mères consacrent encore aux enfants deux fois plus de temps que les pères
Les chercheuses ont également analysé les raisons de ces évolutions. Conclusion : la modification des structures familiales et la progression de l’emploi des femmes ne sont pas le facteur majeur. Ces évolutions tiennent principalement à des « changements de normes », de mentalité.
La baisse du temps domestique tient surtout à « un relâchement des exigences en matière d’entretien domestique et une externalisation croissante des tâches ». Et « du fait d’une moindre implication des femmes, au sein des couples, les hommes prennent en charge une part croissante du travail domestique du ménage, en particulier le week end. »
Ce sont des évolutions de normes aussi qui expliquent en majorité la plus forte implication parentale. « Le temps avec les enfants est devenu un temps dans lequel on investit », et la participation des pères « plus valorisée que dans le passé ».
Malgré ces remarques positives, les chercheuses concluent sur une note moins optimiste, en évoquant les « résistances au partage plus égal des tâches domestiques et parentales ». En mars dernier, une étude du CREDOC relevait que, malgré les progrès des mentalités, un tiers des Français.e.s jugent encore que les hommes doivent en faire moins à la maison. C’est cette remarque qui boucle leur étude : « Les femmes demeurent toujours les premières responsables de la bonne tenue de la maison et des membres de la famille ».
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