Si l’argent ne fait pas le bonheur, la pauvreté joue grandement sur le mal-être… tout comme la solitude et le stress. C’est ce que met en lumière la première enquête de l’INSEE sur la perception du bien-être.
« L’argent ne fait pas le bonheur ». Plusieurs titres de presse (dans la lignée de l’AFP) rebondissent de cette façon sur l’étude publiée mardi 8 janvier par l’INSEE et consacrée à la qualité de vie et au bien-être. L’argent apparaît tout de même, selon cette enquête inédite, comme le facteur déterminant, même s’il n’est évidemment pas le seul.
Les quelques 10 000 personnes interrogées par l’INSEE étaient invitées à évaluer leur niveau de satisfaction dans la vie, sur une échelle de 1 à 10. La note moyenne s’élève à 6,8, et seuls 7% des Français se jugent faiblement satisfaits (soit avec un taux inférieur à 5).
Mais pour les 10% aux revenus les plus faibles, ils sont tout de même près d’un quart, 22,5%, à s’estimer faiblement satisfaits. Si l’argent ne fait pas le bonheur, la pauvreté joue grandement sur le mal-être…
Liens sociaux et stress
L’INSEE constate ainsi « le poids important des contraintes monétaires sur les différences de bien-être ». Même si d’autres facteurs entrent en jeu. L’enquête menée par l’institut statistique prend en compte les différentes dimensions de la qualité de la vie préconisées dans le rapport Stiglitz sur la mesure du progrès économique et social, publié en 2009. Elle fait alors apparaître que « d’autres aspects de la qualité de la vie, comme la faiblesse des liens sociaux, ou le stress de la vie quotidienne jouent autant voire davantage sur le degré de satisfaction que la seule insuffisance de ressources financières. »
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La faiblesse des liens sociaux est la dimension la plus associée au risque d’être très insatisfait, souligne l’INSEE. Suivent les difficultés financières, les mauvaises conditions de logement, un mauvais état de santé et le stress de la vie courante. L’emploi ne garantit pas le bien-être, puisque les actifs confrontés à des risques psychosociaux au travail sont plus fréquemment ceux qui déclarent une moindre satisfaction.
En revanche des facteurs moins personnels, comme la perception de la qualité de l’environnement ou celle de tensions dans la société « n’ont pas d’influence significative sur le bien-être ressenti. »
Initiatives tous azimuts
Avec cette première étude consacrée à la perception de la qualité de la vie, menée en 2011, l’INSEE s’inscrit dans la lignée des initiatives prises suite à la publication du rapport Stiglitz. Des initiatives qui ont vu le jour en France, comme la récente étude de l’institut statistique sur la valorisation du travail domestique (Lire : Travail domestique, un tiers fantôme du PIB et L’Insee valorise-t-il vraiment le travail domestique ?). Mais aussi à l’échelle internationale.
Dès le printemps 2011, l’OCDE avait lancé un outil interactif pour mesurer le bien-être. L’équivalent britannique de l’INSEE développe également, depuis 2010, ses instruments de mesure du « bien-être national », qui s’appuient sur une batterie d’indicateurs pour « mesurer ce qui compte ».