En désamorçant une première fois la guerre commerciale lancée par le président des Etats-Unis, Claudia Sheinbaum a proposé une alternative aux tempéraments sanguins de certains de ses homologues

Au milieu des coups de mentons, tapes dans le dos, poignées de main viriles/hostiles et autres mises en scènes autour du président des Etats-Unis Donald Trump, une cheffe d’Etat se distingue. Claudia Sheinbaum, présidente du Mexique confortablement élue en juin dernier, n’en finit pas de voir monter sa côte de popularité depuis qu’elle tient tête à Donald Trump notamment.
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Elle a annoncé Mardi 4 mars que le Mexique était prêt à répondre aux tarifs douaniers de 25% imposés par les États-Unis avec ses propres tarifs de représailles sur les produits américains. Mais avant, elle organise un événement public sur la place centrale de Mexico dimanche prochain, pour montrer des acteurs économiques unis. Et, surtout, elle va encore tenter de désamorcer la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump lors d’une entretien qui devrait avoir lieu jeudi. Contrairement au Canada qui a déjà annoncé qu’il imposerait des droits de douane sur plus de 100 milliards de dollars de produits américains sur une période de 21 jours.
Claudia Sheinbaum espère faire revenir à la raison l’hote de la Maison Blanche car elle estime qu’il n’y a aucune raison d’imposer des sanctions à certains des plus grands partenaires commerciaux des États-Unis. « Il n’y a ni motif, ni raison, ni justification à cette décision qui affectera nos peuples et nos nations », a-t-elle déclaré. « Personne ne gagne avec cette décision».
Applaudie par les chefs d’entreprise
Le 4 février dernier, cette femme de gauche était applaudie par plus de 300 chefs d’entreprise au Palais présidentiel. La veille, elle avait réussi à repousser la première offensive de Trump d’imposer 25% de droits de douane à tous les produits mexicains entrant aux États-Unis.
Pour y parvenir, elle avait accepté de déployer la garde nationale à la frontière pour lutter contre le trafic de drogue. Le Mexique a alors extradé 29 narcotrafiquants vers les Etats-Unis.
Concessions habiles
Dans La Tribune de Genève, Nicolas Poinsot voit dans la stratégie de la présidente mexicaine, « un bras de fer sans violence » Contrairement à son homologue colombien, Gustavo Petro, qui avait insulté Trump lui reprochant de vouloir «anéantir l’espèce humaine par cupidité» …« – avant de capituler face à son adversaire – Sheinbaum est restée stoïque. Une technique efficace: obtenant la suspension de ces taxes pendant un mois, la présidente mexicaine a donné à Trump l’impression de céder à ses exigences en installant 10’000 soldats supplémentaires à la frontière pour y maintenir l’ordre, un envoi de contingents qui n’a en réalité rien d’exceptionnel puisque le Mexique l’avait déjà fait dans le passé. »
Selon de nombreux observateurs qui n’ont pas l’habitude de voir tant d’habileté dans les négociations, Claudia Sheinbaum doit ce petit succès face à Trump à sa capacité à garder la tête froide, à faire beaucoup de mousse autour des concessions qu’elle fait, à rester ferme et calme au milieu des chefs d’Etat plutôt sanguins…
Pas sûr qu’elle obtienne encore beaucoup de victoires face à celui qui veut tenir le monde sous sa botte, mais si elle pouvait inspirer d’autres chefs d’Etat, la diplômatie internationale s’en trouverait peut-être améliorée…