Selon l’Observatoire Skema de la féminisation des entreprises, les hommes tiennent bon au sommet des entreprises. Mais, sous l’effet de la loi Rixain, les femmes gagnent quelques strapontins dans les postes de direction.
« Les hommes occupent 93,75% des 80 postes de Président et/ou Directeur Général des entreprises du CAC40 » constate le professeur Michel Ferrary dans l’Observatoire de la féminisation des entreprises de la Skema Business School. Il l’affirme. « l’exclusion des femmes de l’olympe de la gouvernance d’entreprise du CAC40 perdure ». Ces entreprises comptent : 0 femmes PDG, 2 femmes présidentes du conseil d’administration, 3 femmes Directrices Générales. Et c’est tout !
Grâce à la loi Rixain
Après ça s’arrange un peu, grâce à la loi Rixain qui impose aux entreprises de compter 30% de femmes dans leurs comités exécutifs (comex) en 2026 et 40% en 2029.
Lire : Quotas de femmes dirigeantes en entreprises : c’est voté !
En 2024, les femmes représentent 27,98% des membres des comex des entreprises du CAC40. Mieux ! 5 entreprises comptent 40% de femmes ou plus : Engie, Kering, Pernod Ricard, Schneider Electric et Société Générale.
Et 14 entreprises se situent entre 30 et 40% : Accor, Axa, BNPParibas, Carrefour, Credit Agricole, Dassault Systèmes, Edenred, Hermès, L’Oréal, Michelin, Publicis, Orange, Saint Gobain et Vivendi. Une entreprise, cependant, n’a aucune femme dans sa plus haute instance de gouvernance : EssilorLuxottica.
Parité-strapontin
On vient de loin : Michel Ferrary rappelle qu’on ne comptait que 9,5% de femmes dans les comex des entreprises du CAC40 en 2014. Et que, en 2021, seulement 8 entreprises avaient au moins 30% de femmes au Comex. Ce chiffre a plus que doublé, elles sont 19 en 2024.
Une nouvelle fois, si la marche vers la parité avance un peu, c’est aussi en trompe-l’œil. « Les entreprises ajoutent des chaises aux comités exécutifs pour accueillir des femmes et se conformer au quota » note l’observatoire. Entre 2023 et 2024, le nombre total de membres des comex des 40 entreprises du CAC40 a augmenté de 15 personnes : 16 femmes de plus et un homme de moins.
Plafond de verre moins épais
Un indice de cet observatoire s’améliore : l’épaisseur du plafond de verre. Cet indice est calculé en faisant un rapport entre la proportion de femmes dans la population Ingénieurs & Cadres, et la proportion de femmes au comex. 37,95% des Ingénieurs & Cadres sont des femmes dans les entreprises du CAC 40 en 2024 mais seulement 27,98% des membres des comex sont des femmes.
« En 2024, l’épaisseur du plafond de verre est de: 9,97. En 2008, ce plafond de verre était de 21,82 (6,3% de femmes dans les comex et 28,12% dans la population cadres) » précise le rapport « ce plafond a quasiment été divisé par plus de 2 en 16 ans. »
L’observatoire pointe les mauvais élèves : « Prix citron à LVMH avec 12,50 % de femmes (2) au Comex et 65% de femmes Ingénieurs & Cadres (Plafond de verre de 52,5). » Mais aussi les bons : « L’entreprise qui a le plus faible plafond de verre entre les 2 niveaux hiérarchiques : Prix orange à Safran avec 26,32% de femmes au Comex (5) et 26,20% dans la population Ingénieurs & Cadres (Plafond de verre: -0.12). »
Fonctions sexualisées et performances
Autre constat : la polarisation sexuelle des grandes entreprises s’accentue avec des effectifs plus ou moins féminins ou masculins selon les activités et les fonctions : des «pink ghettos» pour les femmes et des «blue ghettos» pour les hommes.
Enfin, l’Observatoire note, surtout au niveau du « middle-management », une corrélation entre la mixité et la performance RSE des entreprises. Les risques sociétaux (mesurés par Sustainalytics) sont 41,66% inférieurs pour les entreprises ayant un encadrement fortement féminisé et les risques environnementaux seraient réduits de 79,65%. Enfin, les entreprises les plus féminisées au niveau de l’encadrement « affichent une rentabilité opérationnelle moyenne supérieure de 107,46% par rapport aux moins féminisées ».
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