En quelques secondes d’un discours à la tribune de l’Assemblée Nationale, le Premier ministre réactive un imaginaire d’un autre temps.
Alors que le Premier ministre dit ne pas se souvenir des maltraitances à Notre-Dame-de-Betharram, il se souvient assez précisément de sentiments qu’il éprouvait lorsqu’il était élève et étale ces sentiments à la tribune de l’Assemblée nationale. Mardi 19 février, François Bayrou, après avoir échappé à une nouvelle motion de censure du Parti Socialiste, se livre à un discours revanchard de presque 40 minutes. Et soudain, quelques secondes révélatrices.
Le contexte : il tente de justifier sa sortie sur « le sentiment de submersion » qu’il prête aux Français à propos de l’immigration. Il raconte qu’un journaliste lui a fait remarquer que sur les photos de classe de son enfance, il n’y avait que des Blancs. Et c’est parti ! « Et j’étais saisi, je dois l’avouer à la pensée que ces garçons et ces filles… que nous étions ensemble. Je n’avais jamais pensé qu’ils étaient blancs. Nous étions quelque 600 élèves en effet et dans tout le lycée il y avait UN [il hausse la voix] Africain dont nous étions tous, les garçons, vaguement jaloux parce qu’il était toujours au coin de la cour du lycée, sur le même banc, avec une très jolie fille, pleine de charme qui se reconnaîtra si elle écoute » dit-il, manifestement content de lui. Huées dans l’Assemblée. (L’extrait arrive vers la 9è minute ici dans cette vidéo du discours complet.)
Une réflexion qui peut être qualifiée, au mieux, de « old school » réactivant un imaginaire d’un autre temps à la fois raciste et sexiste. Discours sur l’étranger qui prend « nos » femmes… Sous une apparence de bons sentiments
Sur X, la députée insoumise Nadège Adomangoli, s’est insurgée : « … F. Bayrou en rajoute encore avec son “Africain dans la cour du lycée. Quelle pantalonnade. Ce serait drôle si on ne parlait pas de la vie des gens, et de lutte résolue contre l’offensive réactionnaire. » Sa collègue Gabrielle Cathala y a vu « honte et déshonneur ».
L’extrait :
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