Une nouvelle étude mesure le nombre de mots prononcés par les hommes et par les femmes. Résultat : elles parlent plus… mais seulement lorsqu’elles sont mères. Au travail et dans les médias, ce temps de parole chute.
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Les femmes seraient de grandes bavardes. Cette idée reçue a la peau dure, au point que des chercheurs de l’université d’Arizona s’y sont intéressés. « Il existe une forte hypothèse interculturelle selon laquelle les femmes parlent beaucoup plus que les hommes. Nous voulions voir si cette hypothèse se vérifiait ou non lorsqu’elle était testée empiriquement », explique Colin Tidwell, coauteur de cette nouvelle étude, dans un communiqué. Les femmes parlent-elles réellement davantage que les hommes ? L’étude, publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology, éclaire les dessous de ce stéréotype sexiste.
Les mères parlent plus que les pères
Déjà en 2007, une première étude, aussi réalisée par des chercheurs de l’université d’Arizona, montrait que les hommes et les femmes prononçaient, en moyenne, le même nombre de mots par jour.
L’étude de 2025 a été menée à partir de 630.000 enregistrements issus de 22 études menées dans quatre pays. En tout, 2197 personnes, ayant entre 10 et 94 ans, ont été interrogées, soit quatre fois plus que l’étude de 2007. L’équipe de recherche a observé que les femmes sont plus loquaces mais seulement sur une tranche d’âge précise : 25-64 ans. « Alors que les femmes du groupe d’âge du début à la moitié de l’âge adulte parlent en moyenne 21 845 mots par jour, les hommes en parlent 18 570 », soit un écart de 3000 mots, précise Matthias Mehl, auteur principal de l’étude et professeur au département de psychologie de l’université d’Arizona.
Les chercheurs l’expliquent notamment par l’arrivée et l’éducation des enfants sur cette tranche de vie. Les mères parleraient donc plus que les pères. « Le rôle des femmes dans l’éducation des enfants et les soins familiaux pourrait expliquer cette différence, estime Matthias Mehl et ajoute : Si des facteurs biologiques tels que les hormones étaient la cause principale, une différence importante entre les sexes aurait également dû être présente parmi les jeunes adultes », or ce n’est pas le cas. Preuve supplémentaire que la charge de la parentalité pèse encore davantage sur les femmes que sur les hommes.
Les femmes moins entendues au travail et dans les médias
Si le stéréotype des femmes bavardes persiste, ce n’est pas les exemples qui manquent pour le contredire. En entreprise, les femmes prennent moins la parole que les hommes. Lors des réunions de travail, les trois quarts du temps de parole sont accaparés par les hommes selon une étude de la Brigham Young University. Et ils interrompent à 23% de plus les femmes que les hommes révèle notamment une étude de 2014 de l’université George Washington. C’est le phénomène du “manterrupting”, concept imaginé par l’américaine Jessica Bennett, chroniqueuse pour le New York Times et le magazine Time, suite au ras-le-bol de voir les hommes interrompre sans cesse leurs interlocutrices. À cela s’ajoute le syndrome de l’imposteur, qui touche davantage les femmes, et l’exclusion de ces dernières des conversations informelles mais déterminantes.
Dans les médias, le temps de parole des femmes et des hommes reste déséquilibré malgré des progrès. Chaque année, l’ARCOM publie une étude sur la parité dans les médias. Bonne nouvelle : la proportion de femmes est passée de 38% en 2016 à 43% en 2023. Et il y a désormais autant de présentatrices que de présentateurs. Mais si les femmes sont davantage représentées dans les médias, elles ont moins de temps de parole. En 2023, il est de 34%, soit moins qu’en 2022 où ce taux atteignait 36%. Cette proportion chute lorsque l’on isole les programmes sportifs, où les femmes sont représentées à seulement 20% et où leur temps de parole est de 11%.
L’étude des chercheurs de l’Université d’Arizona révèle aussi la diversité des comportements individuels. En effet, le participant le moins bavard, avec une moyenne de 100 mots par jour, était un homme. Celui qui parlait le plus, avec 120.000 mots quotidiens, était aussi un homme.
Si le combat pour la parité est engagé dans le monde de l’entreprise et dans les médias, la parole des femmes reste encore majoritairement cantonnée à la sphère domestique.
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