Premier long métrage de fiction de la réalisatrice Estibaliz Urresola Solaguren, 20.000 espèces d’abeilles sort dans les salles françaises ce 14 février. A travers l’histoire d’une petite fille trans en quête d’identité, ce film brosse aussi le portrait de trois générations de femmes.
C’est dans un petit village basque, en pleine nature, que se déroule l’intrigue de ce film essentiellement féminin. Lors de vacances dans le village natal de sa mère, Cocó, 8 ans, parviendra à éveiller sa singularité au sein des femmes de sa famille, elles-mêmes en proie au doute, Estibaliz Urresola place sa caméra à hauteur d’enfant et suit dans un premier temps l’évolution de Cocó et ses questionnements, le temps de son cheminement personnel. C’est avec ce surnom neutre qu’elle se présente aux autres enfants du village. Cette identité cachée n’est pas sans rappeler le film Tomboy de Céline Sciamma.
Très proche de sa mère, celle-ci ne se rend pourtant pas vraiment compte de ce qui ne va pas chez son enfant. Mais si Ane ne comprend pas c’est surtout parce que depuis toujours, elle a inculqué à ses enfants une éducation féministe prônant qu’il n’existe aucune différence entre les filles et les garçons. Alors Cocó se rapproche de la tante et de sa mère. Lourdes, la tante, compréhensive et solitaire est à l’écoute. En sa présence, Cocó se sent libre et c’est devant celle-ci que, pour la première fois, elle parlera tout naturellement d’elle au féminin.
« Dans un monde où il existe 20 000 espèces d’abeilles différentes, il existe forcément une identité qui corresponde à Cocó… »
Peu à peu, la caméra change de point de vue pour s’intéresser aussi aux adultes et plus particulièrement aux femmes de cette même famille. Et ce changement de cap permet de comprendre que les adultes aussi n’en finissent pas de s’interroger sur leur vie, allant même jusqu’à remettre en question le passé et les non-dits familiaux. Des remises en question qui devraient leur permettre de mieux appréhender le futur.
Estibaliz Urresola Solaguren écrit un puissant récit de femmes fortes. Certes avec leurs failles mais aussi et surtout une détermination à toute épreuve. La jeune Sofía Otero (ours d’argent à Berlin) livre quant à elle une magnifique interprétation, très juste et émouvante, qui illumine ce film. Un film qui écoute plus qu’il ne parle.
Un film de Estibaliz Urresola Solaguren. Drame, Espagne, 2023, 2h08. Avec Sofía Otero, Patricia López, Ane Gabarain, Itziar Lazkano et Martxelo Rubio. Sortie prévue dans les salles françaises le 14 février 2024. Vu en avant-première à Clermont-Ferrand, le 14 janvier 2024.
Nommé dans 15 catégories aux Goya, le film en a remporté 3 lors de la 38e édition de la cérémonie : meilleur scénario original et meilleur premier film pour Estibaliz Urresola Solaguren et meilleure actrice de second rôle pour Ane Gabarain.
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