Aucune femme ne dirige l’une des 40 premières start-ups de la French tech. Elles sont seulement 14 dans le plus modeste Next 120. Un déséquilibre encouragé par l’Etat.
L’égalité femmes-hommes a beau être la grande cause du quinquennat d’Emmanuel Macron, le président de la République a beau être un fervent soutien de l’écosystème appelé « French tech », rien n’y fait. La nouvelle économie, comme la vieille, reste dirigée par des hommes.
Mardi 1er février, le quotidien économique Les Echos publiait « en exclusivité » l’édition 2022 de « l’indice des start-ups les plus prometteuses de la French Tech ». Il s’agit des start-ups que l’Etat décide de soutenir. « Lancé en 2019, le programme French Tech Next40/120 piloté par la Mission French Tech, accompagne les start-ups françaises les plus performantes pour les aider à devenir des leaders technologiques de rang mondial» indique le ministère de l’Economie des Finances et de la Relance qui a opté pour un coq pour symboliser cette mission.
Dans la foulée, le même journal consacrait un autre article à la minuscule liste de femmes dirigeantes ou fondatrices de l’une de ces 120 start-ups. « Parmi le FT 120, l’indice gouvernemental qui regroupe les jeunes pousses françaises les plus prometteuses, on ne compte que quatorze femmes dirigeantes ou fondatrices. Et aucune n’est à la tête d’une société du Next 40 » indique le quotidien économique.
Sur son site, le ministère se réjouit de l’accélération de la French Tech. Pour preuve selon lui, «la levée de fonds la plus faible dans le Next40 est passée de 22 millions d’euros en 2021 à 49,6 millions d’euros en 2021 ; le chiffre d’affaires le plus faible des FT120 est passé de 14 millions d’euros en 2021 à 18,7 millions d’euros. »
Faille dans l’écosystème
Pourquoi si peu de femmes dans cet écosystème ? La question a été analysée à maintes reprises (voir ci-dessous). Tout un système de stéréotypes sexistes bloque les femmes aux portes de la French Tech. Elles se dirigent moins que les hommes vers les filières scientifiques et high tech qui gagnent le plus d’argent. Enjointes de porter la « charge mentale » familiale et gérer la vie domestique de leur foyer, elles ont moins d’énergie à consacrer à l’aventure entrepreneuriale. Et surtout, les investisseurs ne leur font pas confiance.
Et donc, en privilégiant les entreprises high-tech qui font de grosses levées de fond, l’Etat vole au secours de la victoire des dirigeants hommes et entretient cet écosystème qui exclut les femmes.
Si l’Etat ne revoit pas ses critères de soutien des entreprises, les prochaines éditions de la french tech ressembleront à celle-ci.