« Un Français sur 5 victime de harcèlement sexuel », affichent les titres de presse. Ou comment le langage invisibilise les femmes, pourtant quatre fois plus concernées que les hommes.
C’est un sondage qui tombe à pic pour les reprises dans la presse, alors que l’affaire Baupin fait encore des vagues.
Un sondage Elabe pour BFMTV 1 publié jeudi 12 mai, selon lequel 18% des personnes interrogées disent avoir subi du harcèlement sexuel. 2 Les femmes, surtout. Elles sont 28%, quatre fois plus que les hommes (7%), à dire avoir été confrontées au harcèlement sexuel (15% « une fois » et 13% « plusieurs fois »).
Près de 8 personnes sur 10 considèrent qu’aujourd’hui en France, le harcèlement sexuel est un phénomène « très » ou « assez » répandu. Les femmes plus que les hommes (85% contre 70%) jugent que le harcèlement sexuel est répandu, « ce qui s’explique par le fait qu’elles en sont plus souvent les victimes », note Elabe. Elles sont aussi plus nombreuses à considérer que la société française est trop laxiste dans ce domaine : 85% dénoncent un certain laxisme, contre 74% des hommes.
Les reprises – nombreuses, donc, dans la presse – donnent par ailleurs à s’interroger sur le langage. Quatre fois plus de femmes que d’hommes disent donc, selon ce sondage, avoir subi du harcèlement sexuel, et pourtant tous les titres affichent cette phrase : « Un Français sur cinq a déjà été victime de harcèlement sexuel ». Français, au masculin, alors que le phénomène concerne bien davantage les Françaises. « L’invisibilité des femmes dans le langage, jusqu’à l’absurde », commente Caroline De Haas.
https://twitter.com/carolinedehaas/status/730646611303485440
1/ Sondage réalisé par Internet les 10 et 11 mai 2016 auprès d’un échantillon de 950 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
2/ Le harcèlement sexuel, selon la loi, « est le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle qui soit portent atteinte à sa dignité en raison de leur caractère dégradant ou humiliant, soit créent à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. » Et « est assimilé au harcèlement sexuel le fait, même non répété, d’user de toute forme de pression grave dans le but réel ou apparent d’obtenir un acte de nature sexuelle, que celui-ci soit recherché au profit de l’auteur des faits ou au profit d’un tiers. » (A noter que le sondage ne prend pas en compte cette deuxième notion.)
Des faits passibles de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 € d’amende. En cas de circonstance aggravante, ces peines sont portées à trois ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende.
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